Les sociétés de transport attendent d’être mieux financées
Retranscription intégrale du communiqué
Camille Laurin-Desjardins
Collaboration spéciale
16 mars 2024
Photo: Renaud Philippe Archives Le Devoir
« C’est prouvé que quand on investit dans le transport collectif, on investit dans l’économie », souligne le président du CPSTT, Simon Mathura.
Ce texte fait partie du cahier spécial Syndicalisme
Ce n’est un secret pour personne : la pandémie s’est révélée être un sacré bâton dans les roues du transport collectif. Et alors que les différentes sociétés de transport du Québec tentent encore de se remettre de ce coup dur, dans un contexte environnemental critique, elles attendent toujours un meilleur financement de la part du gouvernement du Québec, s’insurge le Conseil provincial du secteur transport terrestre (CPSTT).
« À mon avis, on est à la croisée des chemins, lance le président du CPSTT, Simon Mathura. Il faut prendre une décision de société. Est-ce qu’on veut prendre notre voiture, même si elle est électrique, et être pris dans le trafic ? Ou on veut un service de transport collectif efficace et fréquent, qu’on va pouvoir prendre sans trop de complications ? »
Pour que les usagers délaissent leur voiture, l’offre de service quotidienne du transport collectif doit être mieux financée, affirme M. Mathura. « Le gouvernement finance les grands projets, par exemple le service rapide par bus (SRB) sur Pie-IX ou le prolongement de la ligne bleue à Montréal, mais il ne finance pas l’offre de services au jour le jour. Combien d’autobus vont passer ? À quelle heure ? déplore-t-il. Et ça, c’est à Trois-Rivières, à Châteauguay… À la grandeur du Québec. »
« La spirale de la mort »
Évidemment, depuis la pandémie, les revenus tirés des titres de transport sont à la baisse dans les différentes sociétés de transport de la province, ce qui représente une partie importante de leur financement. Elles se voient donc dans l’obligation de couper dans leurs services.
« On appelle ça la spirale de la mort, explique le président du CPSTT. Moins tu as de services, moins tu as d’usagers. Moins tu as d’usagers, moins tu as d’argent. Ce qui veut dire moins d’argent pour réinvestir dans le transport collectif. »
Le président du conseil d’administration de la Société de transport de Montréal (STM) avait d’ailleurs évoqué une « spirale vers le bas » à l’automne dernier, en précisant qu’il serait de plus en plus difficile d’éviter de comprimer les services. La STM avait entamé l’année 2023 avec un manque à gagner de 78 millions de dollars, qu’elle a réussi à réduire au cours de l’année.
Un peu plus tôt, en octobre dernier, la ministre des Transports et de Mobilité durable, Geneviève Guilbault, avait affirmé que la contribution de Québec pour éponger le trou financier des sociétés de transport de la province, estimé à 2,5 milliards de dollars pour les 5 prochaines années, ne dépasserait pas 20 %.
Un choix que ne s’explique pas Simon Mathura. « C’est prouvé que quand on investit dans le transport collectif, on investit dans l’économie », tranche-t-il.
À l’inverse, quand l’offre de services n’est pas financée à juste titre, cela a pour effet de réduire les temps de parcours, explique M. Mathura, qui cite en exemple la STM, où il travaille depuis 15 ans.
Pour un trajet qui devrait prendre 50 minutes, par exemple, en respectant les limites de vitesse, le code de la sécurité routière et le confort des usagers, la société de transport va prévoir un temps de 47 minutes, ce qui nécessite moins de chauffeurs dans une journée, détaille-t-il. « Ça fait en sorte que les bus sont en retard et qu’ils sont pleins à craquer… C’est pour ça qu’on voit souvent le phénomène du « bus bunching » (« groupage d’autobus », en français) : trois autobus qui arrivent en même temps. Tout le monde est dans le premier, et les deux autres bus en arrière sont vides. »
Le genre de situation qui cause beaucoup de frustration chez les usagers et ne les incite pas à favoriser le transport en commun, évidemment.
Investir dans « un choix de société »
Simon Mathura espère concrètement que le transport collectif devienne « un choix de société » pour le gouvernement provincial.
« On est en train de faire le changement des voitures à essence vers les voitures électriques, et c’est bien… Mais ça ne fait pas moins de voitures sur la route ni moins de congestion. Un autobus, ce sont 50 voitures qu’on enlève de la route. Et pour l’avoir pris dans plusieurs autres villes partout au monde, quand le transport collectif est facile à prendre, tu le prends ! »
Pour le président, le transport collectif ne doit pas être considéré comme un moyen de déplacement pour les moins nantis. « Il faut que ce soit pour tout le monde. Quand le transport collectif est plus efficace qu’une voiture, les gens le prennent ! Quand ils voient l’autobus passer dans la voie réservée alors qu’ils attendent dans leur auto… Ils vont se dire : “Peut-être que je devrais le prendre, moi aussi !” »
Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.
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